Vincent Leray
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Vincent Leray
Zoomorphie
Glissement, métissage, hybridation
Depuis le milieu des années 90, Vincent Leray développe une oeuvre qui tisse des rapports singuliers avec le monde maritime. Sa production artistique se nourrit à partir d’une mémoire collective ou d’une histoire personnelle avec les milieux du littoral.
Le projet Zoomorphie constitue à la fois un programme conceptuel et une stratégie picturale développé autour d’un élément emblématique : l’empreinte géométrique d’une forme pentamère observée sur la structure calcaire des oursins.
Délivrée de la masse organique l’équivalence minimale du dessin étoilé se propage entre l’étendue du paysage naturel et l’architecture de l’espace construit. À travers les situations de rencontres des lieux où des milieux susceptibles d’intégrer une présence de l’oeuvre, chaque métamorphose du corps étoilé (r)établit un réseau de relations autour d’un univers maritime.
À l’origine d’un projet, il est toujours question d’observer une situation en visant des enjeux ethnologiques, poétiques ou critiques de l’environnement marin. Loin de se confiner dans le seul champ d’un vocabulaire artistique, le langage polysémique de l’oeuvre cherche à explorer les potentiels d’applications de l’objet pentamère. Aux caractéristiques classiques appartenant à la sculpture se superpose une dimension d’usage et d’instrumentalisation où l’appareil étoilé trouve sa fonction à travers une relation
avec un utilisateur. Instrumentalisé selon un degré de servitude plus conceptuel, par un processus d’appropriation littéraire qui utilise lecture à double sens, analogie ou glissement sémantique, le pictogramme étoilé peut s’insinuer dans un langage narratif toujours en résonance avec un espace maritime. Selon un principe qui cherche à associer textes et images, ces combinaisons peuvent créer un rebondissement, une nouvelle signification qui va dépendre d’un contexte d’exposition.
Le déplacement physique, le voyage, la notion d’espace et de temps ont contribué à développer une pratique photographique autour du paysage littoral. Sensible aux mouvements absurdes du monde, à l’intensification des activités humaines qui dégradent les écosystèmes marins, le projet soulève les questions écologiques de notre temps.
Oscillant entre arts visuels et littérature, entre sculpture et instrument, le glissement de sens de la forme pentamère peut révéler une existence autonome ou un métissage hybride engendré par la dépendance d’un contexte.
L’exposition qui va dérouler la trame d’un scénario peut s’orienter en fonction d’une composante, d’une circonstance ou d’une actualité. Ce type de projet donne à voir un dispositif qui considère la pratique de l’exposition comme un élément constitutif de l’oeuvre. Chaque projet ne s’expérimente plus comme une proposition d’objets stabilisés et définitifs, mais comme un réseau de séquences randomisées, d’oeuvres composites qui dialoguent, s’articulent et se déploient en fonction des enjeux portés par l’exposition.
Evoluant comme un work in progress ouvert à de multiples régimes de lectures, Zoomorphie s’inscrit dans une pratique située à la frontière de plusieurs disciplines, croisant tous les médias.